Quel serait mon monde idéal ? Qu’est-ce que je voudrais pour rendre mon monde meilleur ?
Mon monde idéal, mais pour qui ? Qu’est-ce qui serait idéal pour moi, pour ma famille, pour les personnes que j’apprécie, pour mon confort ? Qu’est-ce que je voudrais pour améliorer ma vie ? Cette amélioration doit-elle se produire au détriment des autres ?
Peut-être, car mon monde idéal n’est pas celui de tous et toutes : ce qui rendrait ma vie plus belle, plus rose, ne rendrait pas le monde meilleur pour les autres. En définitive, est-ce que mon monde idéal – ce que je voudrais au plus profond de moi, ce qui selon moi atteindrait la perfection – ne serait pas impossible à concevoir ?
Si mon monde idéal n’est pas idéal pour les autres, est-il donc réellement idéal ?
Peut-on construire le bonheur à partir du malheur des autres ? Est-ce que ce qui est parfait pour moi l’est réellement, si cette perfection empiète sur le bien-être et l’idéal d’autrui ? In fine, ce monde idéal serait-il uniquement l’expression de mon égoïsme ?
Même si mon monde était conçu pour rendre la vie de tous et toutes meilleure, il ne s’agirait que d’une projection de mon esprit et de l’expression de mon idéal personnel.
Je ne veux donc pas mon monde idéal. En effet, je ne veux pas y être seule.
Je veux notre monde idéal. Pour pouvoir partager ma vie et mon quotidien avec des personnes qui partageraient ma vision de l’idéal et de la liberté. Cet idéal partagé permettrait à chaque individu d’éprouver le bonheur et la perfection.
Notre monde idéal, voilà qui sonne mieux…
Un monde imaginé par tous et pour tous, un monde pensé au regard des différentes cultures et mentalités qui constituent nos sociétés. Ce monde serait aussi nourri du passé, même si celui-ci n’a pas toujours été glorieux. Du passé, nous tirerions des leçons pour ne plus laisser la tristesse, le doute, les manquements d’hier noircir la perfection de demain.
Notre monde idéal. Est-il réellement atteignable ?
Est-ce qu’un monde idéal co-construit permettrait vraiment l’épanouissement de tous ? Cette co-construction ne laisserait-elle pas place, immanquablement, à une oligarchie ? Comment s’assurer que l’épanouissement de quelques-uns ne prime pas sur celui des autres ? Et cette vision de l’épanouissement, n’est-elle pas biaisée par la société dans laquelle nous vivons ?
Mon idéal ne serait-il pas, en réalité, l’idéal des autres ?
Naïtcha Luzein, pour la série d’articles « Nos Plumes »