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Quand les adolescents prennent la parole : oral en scène, écrit en coulisse

Colloque de l’observatoire de la lecture et de l’écriture des adolescents : Quand les adolescents prennent la parole : oral en scène, écrit en coulisse

 

Le 24 janvier 2023 s’est tenu le colloque de l’observatoire de la lecture et de l’écriture des adolescents, organisé par Lecture Jeunesse. La question générale qui se posait était de savoir si les adolescents qui prennent la parole aujourd’hui ne considèrent que l’oral ou accordent aussi de l’importance à l’écriture et à la lecture. En d’autres termes, il s’agissait de savoir si l’écriture et la lecture ont perdu leur place au détriment de l’oral, de voir comment interpréter cette situation et aussi de savoir si celle-ci pourrait toutefois constituer une voie d’accès à l’écrit et amener les adolescents à lire.

 

En effet, il a été remarqué que l’oralité est de plus en plus présente dans les pratiques culturelles des jeunes comme la lecture à voix haute, la mise en scène des textes, les concours d’éloquence, de débats, le rap, le slam, le spoken word, etc…

 

Après le discours d’ouverture de la journée prononcé par Marie-Christine Ferrandon, Présidente de Lecture Jeunesse, vint ensuite « Le remue-méninges du colloque » avec Christine Mongenot. Dans son allocution, cette chargée de mission scientifique auprès de Lecture Jeunesse a évoqué le constat du retour de l’oral dans les écoles et l’apparition des concours d’éloquence en remplacement des concours de rhétorique qui existaient auparavant. Elle a eu à faire des comparaisons entre le passé et le présent en évoquant les différentes formes d’oralité et en parlant des inégalités sociales. 

 

Claire Gillie, musicologue et docteure en anthropologie psychanalytique, est ensuite intervenue sur la thématique « Faire entendre sa voix : les impensés des situations d’oral proposées aux adolescents ». D’elle, nous avons pu entendre que la voix est une pulsion vitale qui traverse le corps et s’adresse à l’autre. Il s’agit de la “pulsion invocante”. Selon Claire Gillie, la voix est très importante et devrait être enseignée dans les écoles. Elle estime que prendre la parole c’est prendre place et que l’adolescent, de sa famille à son groupe d’amis, passe d’une “voix de nature” à une “voix de culture”. 

 

Après elle, vint le tour de Aude Biren, comédienne, auteure et formatrice, sur la thématique « Faites les parler ! ». Aude Biren a ainsi décrit la mission complexe du comédien-médiateur dans les projets scolaires et associatifs. Elle a évoqué le fait que l’oral prend le dessus et que l’écriture semble être oubliée. Aude Biren a également parlé de la lecture à voix haute, du rapport de soi face à l’autre et conseillé qu’il faudrait s’essayer à la lecture. Concernant ses missions, elle a évoqué la question de l’espace dédié à la prise de parole, sur le plan matériel et pratique notamment. 

 

Par ailleurs, le problème se pose au niveau du temps, de la continuité et du budget. Aude Biren estime qu’il faudrait enseigner aux jeunes comment prendre la parole en toute légitimité, en leur apprenant comment se tenir, comment respirer, quel ton utiliser, comment varier sa voix, émouvoir, etc… 

 

S’ensuit l’intervention d’Anne Vibert, inspectrice générale honoraire de l’éducation, du sport et de la recherche sur la thématique « Le renouveau de l’oral dans les pratiques culturelles : enjeux, formes, bénéfices ». Elle évoque la renaissance de l’éloquence et du spoken word énoncé plus haut – défini comme une “poésie sonore” – et des nouveaux métiers apparus avec Internet, à travers Youtube, TikTok, etc… Au cours de son allocution, Anne Vibert a posé une question interpellante : quel est le but réel d’un adolescent lorsqu’il participe à un concours d’éloquence ? Le fait-il pour la récompense ? Pour renforcer ses capacités oratoires ? Selon Anne Vibert, il faut se servir de la parole pour apprendre et pour ce faire, tenir compte de toutes les dimensions de l’oral, penser l’oral avec l’écrit, faire de la place au corps et à la voix dans la formation et ainsi permettre aux adolescents d’investir leur parole et de s’y engager. 

 

Après cette intervention, vint celle de Caroline Allingi-Machefer, doctorante en didactique de la littérature et professeure agrégée dans le secondaire. Son intervention consistait à mêler voix poétique et voix d’adolescent : des vidéos de ses expériences avec un groupe d’élèves nous ont ainsi été montrées. 

 

En sommes, nous tirons beaucoup de leçons de toutes les interventions que nous avons pu suivre, toutes montrant l’apport de l’oral dans notre société et rappelant que celui-ci, pour être mieux utilisé, doit être accompagné de la lecture et de l’écriture. Sachant que les adolescents représentent l’avenir de demain, il est donc primordial de leur inculquer ces valeurs, de les former et de leur apprendre à prendre place et à faire entendre leur voix. 

 

 

Abidé Aguim, pour la série d’articles “Nos Plumes”